Le Département de Santé Publique de l’UFR Sciences de la Santé, au sein de l’Université de Ouagadougou au Burkina Faso, lance à partir de l’année académique 2015-2016, un programme de spécialisation en santé publique de niveau Master. Diplôme du Master en Santé Publique décroché, les étudiants souhaitant poursuivre en thèse d’université en santé publique auront la possibilité de s’inscrire à l’École Doctorale des Sciences de la Santé de l’Université de Ouagadougou. Pourquoi proposons-nous ce programme de formation académique en santé publique ?
Les pays de la région africaine, le Burkina Faso en particulier, connaissent des niveaux de morbidité et de mortalité encore très élevés au sein de la population, surtout pour les maladies infectieuses, largement contrôlées voire éliminées ailleurs. Au cœur des facteurs qui expliquent cette situation, la faible performance du système de santé apparaît la plus déterminante. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, un système de santé performant est celui qui est réactif et qui est équitable dans l’amélioration continue de l’état de santé de la population qu’il couvre. Six piliers fondent un système de santé performant. Parmi ces piliers, la disponibilité de ressources humaines qualifiées capables de gérer l’ensemble du dispositif mis en place dans un pays pour promouvoir, protéger, restaurer et améliorer de façon continue la santé de la population occupe une place centrale.
C’est en cela que former des spécialistes de la santé publique apparaît essentiel, dans un pays, qui affiche l’ambition de bâtir voire de consolider un système de santé performant. Ces ressources humaines seront les seules capables de dérouler les 12 fonctions essentielles de la santé publique dirigées vers l’amélioration continue de la santé de la population. En particulier il s’agit de diagnostiquer les problèmes de santé de la population, de réunir les preuves scientifiques sur les meilleures solutions contextualisées de résolution de ces problèmes, de formuler la politique idoine d’application de ces solutions et d’assurer la gestion globale du système, des programmes, des services et des actions qui traduisent sur le terrain cette politique. Le but ultime de cette pratique de santé publique est de permettre à chaque individu ou groupe spécifique, à chaque communauté, à la population entière d’atteindre le meilleur état de santé possible et de jouir de la meilleure qualité de vie possible.
Différents éléments de contexte justifient notre projet académique d’offrir une formation spécialisante en santé publique. Le gouvernement du Burkina Faso a lancé en 2013 un vaste programme de soutien aux initiatives académiques visant à proposer des formations spécialisantes qui aideraient à accroître la masse critique de spécialistes officiant dans le système de santé. Le Ministère de la Santé du Burkina Faso a exprimé depuis 2005 à l’UFR Sciences de la Santé son besoin de voir s’ouvrir une filière de formation spécialisante en santé publique à l’Université de Ouagadougou. Il existe au Burkina Faso un pool important et diversifié de compétences dans les universités, dans les institutions de recherche et au Ministère de la Santé à même d’être mobilisé dans un corps enseignant multidisciplinaire. De nombreux partenaires se sont exprimés pour proposer leur soutien à cette initiative de création d’un programme de formation spécialisante en santé publique au Burkina Faso.
Portées par ces éléments de contexte, quatre grandes raisons justifient notre proposition de Master en Santé Publique au Burkina Faso. Ces raisons sont les suivantes :
La nécessité de former une masse critique de spécialistes capables d’améliorer le fonctionnement et la performance du système de santé, en particulier, la qualité du système de soins de santé ;
La nécessité de développer des expertises capables d’une part d’appuyer la recherche de solutions innovantes pour la promotion et la protection de la santé ainsi que le contrôle des maladies et d’autre part, d’agir sur le terrain, dans l’application de ces solutions novatrices ;
La nécessité de valoriser la masse critique de formateurs en santé publique des Universités, des Institutions de recherche du Ministère de la Santé et du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation ainsi que des structures centrales, déconcentrées et décentralisées du Ministère de la Santé du Burkina Faso ;
La nécessité de former les enseignants-chercheurs de demain au Burkina Faso et ailleurs en Afrique.
Pr. Nicolas MEDA
Officier de l’Ordre National